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23 déc. 2014

Suite du "billet" sur l'évolution des techniques en optique : qu’en t-il pour les lunettes ?

Revenons à la technologie de fabrication en optique et parlons des lunettes maintenant. Il y a eu aussi une évolution importante de la qualité optique des lunettes (pour l’astronomie par exemple) depuis 15 ans. Auparavant, il existait déjà des produits permettant d’obtenir des images avec une excellente qualité, mais réservés à un domaine très pointu pour l'observation astronomique.

Il existait aussi des combinaisons optiques avec plusieurs lentilles (soit collées, soit parfois avec un film d’huile pour l’interstice), mais principalement avec des surfaces sphériques et des verres coûteux (par exemple la fluorite). Puis, il est apparu des formes dites « asphériques » (des formes de symétrie cylindrique, un peu plus compliquées que la simple sphère). Les premières « asphériques » furent surtout utilisées dans les objectifs d’appareils photographiques numériques ou des caméras embarquées (rappelons que les capteurs numériques sont très sensibles au moindre défaut de l’optique). Elles permettaient d’améliorer encore la qualité de l’image : l’image obtenue s’approche avec ces lentilles dites « asphériques » de plus en plus du cas idéal (nous avons un peu simplifié ici le problème théorique, mes excuses pour les puristes). Mais il y a eu aussi une autre évolution, quasiment en même temps, sur la qualité des « verres » utilisés en optique.

Supposons que l’on fabrique un objectif ou une lunette avec une simple lentille de profil sphérique. En réalité, l’image observée à travers l’instrument sera fortement ici dégradée par de nombreuses imperfections : on parle d’aberrations. L’aberration chromatique est un défaut particulièrement difficile à maîtriser avec une seule lentille : l’image est alors irisée. L’irisation signifie que les transitions ou les bords des objets ne sont pas nets : ils sont colorés, par exemple avec les couleurs de l’arc en ciel. Les premières lunettes avaient très fortement ce défaut, d’où l’invention de Newton avec son télescope qui évite ce problème. On a compris très rapidement que pour éviter ce défaut dans le cas des lunettes, on doit employer deux verres différents avec des comportements optiques inverses. En les associant proprement, on peut diminuer fortement l’aberration chromatique. Toutefois, on arrivait difficilement à faire des lunettes ou des objectifs très compacts. La dimension du tube optique (ou plus exactement la focale) restait élevée.

Des travaux sur les verres ont été réalisés permettant de fabriquer des instruments plus compactes (donc avec des « focales » plus courtes). En effet, des lunettes aux performances optiques de qualité pour un coût raisonnable sont apparues sur le marché au début du XXIème siècle, en corrigeant très bien cette aberration chromatique. Ces lunettes utilisent des verres dits de « dispersion faible » permettant de rendre l’instrument « très lumineux ».

Rentrons un peu plus dans les détails. La distance focale d’une lunette optique caractérise sa capacité à réaliser un grandissement angulaire de l’image ou un grossissement. Plus la focale est grande, plus la lunette permettra d’accéder à des détails intéressants, par exemple sur la lune. Le rapport de la focale F sur le diamètre D est également un paramètre important qui caractérise les instruments : on l’appelle couramment le rapport F/D. Plus ce rapport est élevé pour une lunette d’astronomie, plus le champ est petit, moins l’instrument sera lumineux pour des mêmes conditions d’observation. Soyons précis : plus le rapport F/D est élevé, plus la durée de la pose d’un capteur photographique devra être élevée pour un même résultat.

Ainsi, il est plus intéressant d’avoir une lunette avec un rapport F/D faible ou « court » (par exemple autour de 6) plutôt qu’une lunette avec un rapport F/D élevé ou « long » (par exemple 15). De plus, plus ce rapport est élevé, plus le tube de la lunette sera long pour un même diamètre. Enfin, le champ sera plus petit pour une même focale. Durant très longtemps, il était très difficile de faire des rapports F/D dit « courts », proche de 6 avec seulement deux lentilles sans avoir fortement des aberrations et un chromatisme élevé (il était proposé par le passé certaines combinaisons optiques pour résoudre ce problème, mais il fallait rajouter d’autres groupes de lentilles, d’où des coûts de fabrication plus élevés et sans une compacité réelle). Ces nouveaux verres, dont on parlé plus haut ont permis de s’affranchir de ces problèmes en obtenant des lunettes avec F/D court et une très bonne qualité d’image.

Mais à quand des combinaisons « d’asphériques » ou des "free forms" pour les lunettes ?

Nous reviendrons par la suite sur les évolutions aussi de la qualité de l’usinage mécanique pour ces instruments.
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